La méthode Montessori, c’est quoi ?

La méthode Montessori, c’est quoi ?

À une époque considérée comme une laxiste, la méthode Montessori connait un succès grandissant dans le système éducatif.

Alors que certains la réduisent à un effet de mode, il s’agit pourtant d’une approche pédagogique qui permet d’accompagner au mieux les enfants dans leurs apprentissages.

Et aujourd’hui, les établissements Montessori se multiplient un peu partout dans le monde. Mais comment une pédagogie vieille d’un siècle a-t-elle fait pour traverser les époques ? Décryptage. 

Maria Montessori : de médecin à pédagogue 

La pédagogie Montessori fait désormais partie du paysage éducatif. Beaucoup connaissent cette méthode, mais connait-on véritablement sa pionnière ?

L’occasion de revenir sur le cursus et les motivations de Maria Montessori.

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Un environnement favorable

Maria Montessori est née en 1870 dans la ville provinciale de Chiaravalle, en Italie.

Il s’agit d’une ville relativement huppée où elle vivait avec ses deux parents. Son père était directeur financier dans une entreprise publique, tandis que sa mère était une femme au foyer. Une femme au foyer qui, pourtant, accordait une grande importance à l’éducation.

Elle venait d’une famille assez aisée et était passionnée par la lecture, ce qui était inhabituel chez les Italiennes de l’époque. La même soif de connaissances s’est installée chez la jeune Maria, qui s’est plongée dans de nombreux domaines d’études avant de créer la méthode éducative qui porte son nom.

Dès sa plus tendre enfance, Maria a vécu à Rome, où elle a grandi dans un paradis de bibliothèques, de musées et de belles écoles. 

Briser les barrières de l’éducation

Studieuse, intelligente et féministe, dès son plus jeune âge, la jeune Montessori a été peu disposée à être limitée par les attentes traditionnelles à l’égard des femmes.

À seulement 13 ans, elle a forcé le chemin pour intégrer un institut technique réservé aux garçons qui se préparent à devenir ingénieurs. Mais avec le temps, elle finit par changer de plan de carrière pour se concentrer sur la médecine. Maria soumet sa demande d’inscription pour le programme de médecine de l’université de Rome, mais sa candidature débouche à un refus. Après quelques cours et une meilleure préparation, elle a fini par être acceptée.

Avec beaucoup d’efforts, Maria obtient finalement son diplôme, ouvrant un peu plus la porte aux futures femmes dans ce domaine. Elle a été diplômée en 1856. Ce qui lui a valu d’être classée parmi les premières femmes médecins d’Italie. Bien qu’elle n’ait pas été la première femme diplômée de l’école de médecine, comme le rapportent nombre de ses biographes, cela n’enlève rien à son accomplissement. Défier les conventions, les normes et les attentes pour réussir à faire son chemin dans ce domaine rigoureux et dominé par les hommes a demandé une force, un dévouement et une persévérance extraordinaires.

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La naissance du mouvement Montessori

Quelques années après la fin de ses études en 1856, Maria Montessori est sélectionnée pour représenter son pays à deux congrès féminins. Le premier événement s’est tenu en 1896 à Berlin et le second en 1900 à Londres.

Parallèlement, Montessori a exercé la médecine dans un centre psychiatrique et a été amenée à étudier le comportement des enfants souffrant de handicap intellectuel et de développement.

Pendant ses observations, Maria constate que les enfants internés ne possédaient aucun jouet. Ses études, basées notamment sur les recherches de Jean Itard et Édouard Seguin, affirment pourtant que la stimulation et le travail de la main permettaient aux enfants retardés mentalement de se développer.

Maria remarque également que les tout-petits se construisent à partir de ce qu’ils trouvent dans leur environnement quotidien. Elle réalise par là l’importance de « l’observation sans jugement ». Elle met alors en place un programme basé sur les résultats de ses analyses, ce qui a engendré des résultats impressionnants.

En 1900, Maria décide de se consacrer entièrement à pédagogie et son intérêt s’étend aux enfants sans handicap. Motivée par ses recherches, elle reprend les études à l’université où elle étudie la psychologie et la philosophie.

En 1904, elle devient professeure d’anthropologie à l’université de Rome avant de tout abandonner en 1906. En effet, Montessori avait déjà toutes les bases nécessaires pour concevoir un programme destiné à aider les enfants à mieux s’épanouir en suivant leur propre rythme.

La première école Montessori

C’est en 1906 que la méthode Montessori voit le jour. Maria avait ce fort désir d’aider les enfants qu’elle se donna pour défi d’ouvrir une garderie à plein temps à San Lorenzo, un quartier populaire du centre de Rome.

Le lieu réunissait une soixantaine d’élèves défavorisés de 3 à 7 ans qui étaient laissés à eux-mêmes pendant que les parents travaillaient. Ceci pour empêcher les tout-petits d’errer à tout va et de leur proposer une journée enrichissante. La garderie, dénommée « Casa dei Bambini » ou « Maison des enfants » est la première structure où sera pratiquée la méthode Montessori. Et en quelques mois, le lieu suscitera l’intérêt de bon nombre de personnes.

En effet, contrairement aux établissements classiques, c’était le premier centre de ce genre en Italie qui proposait un environnement d’apprentissage de haute qualité pour un public pauvre. Au fil du temps, la Casa dei Bambini devient une base de recherche, un laboratoire d’expérimentation où Maria Montessori développe sa méthode. Elle inventait des jeux, des approches non conventionnelles pour accompagner le développement des élèves.

Au début, les enfants étaient indisciplinés, mais ils se sont très vite intéressés aux travaux manuels, aux jeux ludiques ainsi qu’aux différents ateliers conçus par la doctoresse. Elle a observé comment sa classe absorbait les connaissances en apprenant par eux-mêmes. À la surprise de beaucoup, les enfants participant aux programmes de Maria se sont épanouis, faisant preuve de concentration, d’attention et d’autodiscipline spontanée.

première école Montessori

Le développement de la méthode Montessori

En s’appuyant sur ses expériences et ses observations, Maria Montessori a écrit des supports pédagogiques mettant en avant son approche. À côté, plusieurs conférences et des cours internationaux ont été organisés.

Des mouvements qui ont d’ailleurs attiré l’attention des médias dans le monde entier ainsi que d’éducateurs et de personnes publiques à tel point que la doctoresse a été sollicitée plusieurs fois par plusieurs maisons d’enfants aux quatre coins du monde.

Cependant, la méthode Montessori n’a pas gagné le cœur du gouvernement italien qui condamne et proscrit les principes montessoriens. Ce qui conduit à la fermeture de toutes les écoles Montessori dans le pays.

Mais loin de se décourager, Maria décide de s’installer aux Pays-Bas pour y développer son approche. Et le concept continue de convaincre plus d’un. La preuve, en 1910, on trouve des écoles Montessori dans toute l’Europe occidentale. De nombreux établissements sont également créés dans le monde entier, y compris aux États-Unis où la première école Montessori ouvre ses portes à Tarrytown, NY, en 1911. 

Retour sur les fondements de la méthode Montessori

Qu’est-ce qui explique le succès de la méthode Montessori ? Parce qu’elle respecte le rythme des enfants. Voilà, en une phrase, la réponse à cette question. Il est toutefois possible de catégoriser le concept en quatre grands principes.

Le respect du rythme de chaque enfant

« Un enfant n’est pas une vase qu’on remplit, mais une source qu’on laisse jaillir ». Cette phrase, devenue une citation culte de Maria Montessori, résume bien l’esprit de l’éducation Montessorienne. Contrairement au système éducatif actuel qui consiste à mettre les enfants dans le même moule et à leur inculquer le maximum de compétences en peu de temps, la méthode Montessori voit l’enfant en tant qu’être individuel.

Cette approche consiste à accompagner les enfants dans leur développement individuel afin qu’ils s’épanouissent et deviennent des adultes autonomes. Chaque élève bénéficie d’un suivi personnel selon son niveau pour qu’il puisse évoluer à son propre rythme.

Un environnement riche et ludique

La méthode Montessori met en l’enfant au centre de l’éducation. Ainsi, elle ne prend pas uniquement en compte les approches pédagogiques, mais considère également que l’environnement auquel évolue le tout-petit est important pour son développement intellectuel

L’éducation Montessorienne consiste donc à aménager et organiser la salle de classe de sorte que, dès leur plus jeune âge, les enfants puissent se déplacer librement dans un dans un espace préparé à son intention. De cette manière, ils peuvent se décider de ce qui l’intéresse et de ce qu’ils veulent apprendre plus en détail.

Cette technique constitue déjà un premier pas vers la découverte des passions ou des talents de chaque élève. Dans ce contexte, investir dans des poupées adaptées pourrait déjà être une solution intéressante. Ainsi, tous les éléments qui composent la pièce sont conçus pour servir d’apprentissage à l’enfant.

Ce sera simplement lui qui choisira ce qu’il veut voir ou apprendre à chaque instant. Les éducateurs sont là comme des guides. Ainsi, ils guident les tout-petits dès qu’ils ont des doutes ou quand ils n’ont pas pu résoudre les problèmes par eux-mêmes.

La pédagogie de la liberté

« Les enfants apprennent par eux-mêmes ». Cette vérité est comprise par tous, mais aucun établissement ni système éducatif ne l’a jamais pris en compte dans la mise en place de leurs méthodes pédagogiques avant Montessori.

Elle inspirera d’ailleurs la quête de toute vie pour une réforme éducative, une méthodologie, une psychologie et une formation des éducateurs. La liberté est donc l’un des grands principes de l’approche Montessori. Dans la salle de classe, il n’y a aucun emploi du temps ni programme journalier.

Chaque enfant est libre de pratiquer l’activité qu’il souhaite quand il le veut, et aussi longtemps qu’il le plaira. En plus d’améliorer l’autonomie et développer les compétences intellectuelles, cette méthode favorise également une meilleure estime de soi. Par ailleurs, la pédagogie Montessori désapprouve les jugements. Ainsi, les élèves ne sont pas notés.

Enfin, cette approche encourage l’autodiscipline. En effet, elle prône la liberté, mais pas le laxisme ni le laisser-faire. Il ne s’agit pas de laisser l’enfant à lui-même pour qu’il fasse ce qu’il veut, mais de lui préparer un espace dans lequel il puisse circuler librement. Avant d’être proposés aux élèves, les éducateurs présentent d’abord les activités.

Le respect mutuel est aussi inculqué à toute la classe : interdiction de prendre un matériel déjà utilisé par son camarade de classe, liberté de communiquer, mais pas de crier, liberté de se déplacer, mais pas de courir dans la pièce. 

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Une classe à taille humaine

 Un des points qui distinguent l’approche Montessorienne des méthodes classiques, c’est bien la taille de comité. Il y a moins d’élèves dans la classe que dans une école traditionnelle. La pièce regroupe environ une trentaine d’élèves d’âges différents et mélangés avec, généralement, deux encadrants.

Ce qui permet aux enseignants d’avoir plus de temps pour guider les enfants dans leurs propres découvertes et dans leur apprentissage avec les livres et le matériel dont ils disposent en classe. Cela favorise également un suivi personnalisé pour chaque élève. Les adultes pourront ainsi adapter les techniques de communication et d’enseignement en fonction de chaque niveau et chaque personnalité

Plus de jeux que de cours 

La méthode Montessori invite à mobiliser le sens de l’enfant afin de développer ses capacités intellectuelles. Les matériels éducatifs sont donc particulièrement composés de jeux. Ceux-ci présentent deux fonctions : ludiques et éducatifs. Ils affichent un aspect récréatif pour attirer les yeux et susciter leur curiosité.

Par ailleurs, chaque jeu a été minutieusement étudié et créé selon l’âge de chaque enfant et la meilleure manière de réveiller les compétences du tout-petit, comme ses capacités linguistiques, motrices ou encore analytiques.

jeux Montessori éducatifs

La pédagogie Montessori aujourd’hui 

Indéniablement, Maria Montessori a réussi son pari. Sa méthode a survécu au passage du temps et a influencé de nombreux établissements. Aujourd’hui, plusieurs établissements ont adopté cette approche, et beaucoup se sont fait un nom dans ce domaine.

Par ailleurs, cette pédagogie a également fait l’actualité jusqu’à devenir un objet d’attentions multiples, aussi bien pour les parents, l’opinion publique, le gouvernement que les scientifiques.

En 2016, par exemple, l’école Jules Vernes de Chavagnes-en-Paillier a reçu le prix de la journée de l’innovation de la part de la ministre de l’Éducation nationale pour son projet de programme inspiré des pédagogies Freinet et Montessori. La même année, l’ouvrage « Les Lois naturelles de l’enfant » était dans toutes les chroniques. Son auteure y détaille les résultats de trois années d’expérience d’une pédagogie très empruntée à Maria Montessori menée dans une classe maternelle.

Actuellement, les autorités publiques affirment leurs désirs d’instaurer l’esprit Montessori dans le service public. Mais avant d’être appliqués dans les écoles publiques, plusieurs établissements privés se démarquent par cette approche. Jusqu’à ce jour, la majorité des structures sont réservées aux enfants de 0 à 6 ans.

Très peu d’enseignes osent étaler le programme au-delà de cette tranche d’âge. Pourtant, dans ses écrits, Maria Montessori a conçu sa méthode de manière à ce qu’elle puisse être utilisée jusqu’à 12 ans. Toutefois, de nombreuses écoles travaillent déjà sur des techniques pédagogiques afin d’appliquer ce concept pour les élèves du secondaire.

Par ailleurs, de nombreux jouets et des collections de poupées pensées à cet effet ont vu le jour.

Une méthode non accessible à tous Certes, la méthode Montessori a vu le jour dans un quartier populaire et a été appliquée pour la première fois pour l’éducation des enfants défavorisés.

Pourtant, aujourd’hui, inscrire ses enfant dans une école montessorienne est devenu un signe d’appartenance à une classe sociale élevée. C’est loin de la vision originale de Maria Montessori, mais c’est malheureusement la norme.

Ceci est dû au fait que tous établissements Montessori sont privés, avec des frais de scolarité élevé. Ce tarif hors norme s’explique par le fait que les éducateurs soient formés spécialement à une forme de pédagogie peu conventionnelle.

Par ailleurs, les matériels et les supports pédagogiques sont pris en compte. Il est donc très difficile pour les élèves des quartiers défavorisés de fréquenter ces écoles. Il existe cependant quelques écoles Montessori à charte qui sont plus accessibles. Le National Center for Montessori in the Public Sector rapporte que sur les 5 000 écoles Montessori aux États-Unis, il existe environ 500 programmes publics. En Europe, quelques sites renseignent également sur le sujet.

Les jeux et jouets Montessori

Fort de son succès, la pédagogie Montessori se décline désormais à toutes les sauces. À part les écoles qui instaurent des méthodes inspirées du concept, on retrouve également des jouets Montessori, des ouvrages sur des activités à faire à la maison ou dans le milieu scolaire.

Certains matériels et supports pédagogiques résultent d’une démarche sérieuse, tandis que d’autres sont des stratégies purement marketing. En effet, certaines enseignes surfent sur la tendance pour gagner l’intérêt du public.

Toujours est-il qu’il existe des jouets intéressants pour les tout-petits et qui respectent les grands principes de la pédagogie Montessori. Ainsi, les articles doivent être écologiques et inoffensifs pour les enfants de bas âge. Le bois reste la matière la plus prisée dans ce domaine. Il faut aussi que les objets soient évolutifs pour permettre à l’enfant d’avancer progressivement dans son apprentissage.

Les jeux Montessori sont généralement autocorrectifs afin de développer l’autonomie du tout-petit. Enfin, la conception et la nature même du matériel doivent permettre une utilisation dans un environnement collectif, sans quoi ils perdraient tout leur sens. En effet, les jouets doivent inciter l’enfant à communiquer et à respecter les autres.

C’est notamment pour cette raison que de nombreux parents songent à acheter une poupée ultra-réaliste pour leurs enfants. Cette dernière devrait aider les plus jeunes à mieux être attentifs aux besoins de ceux qui les entourent. Dans l'hypothèse ou la fascination autour des poupées à travers les siècles vous intéresserez; découvrez notre article sur l'histoire des Barbies sirènes.

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